Les rapaces des Pyrénées
Nous avons encore la chance en Ariège de posséder à l'état naturel 3 espèces de grands rapaces diurne: le vautour fauve, le gypaète barbu et l'aigle royale.
- un vautour fauve fait 2,80 m d'envergure pour un poids de 7-8 kg
- le gypaète barbu fait 2,70 m pour 7kg
- l'aigle royal 2,20 m pour 4 kg
Comment les reconnaître?
Tous les trois ont des rémiges externes (les grandes plumes du bout des ailes) longues et bien écartées.
Le Vautour fauve
Ses ailes sont larges et bicolores. L'avant est de couleur fauve et l'arrière est noir. La tête est fine et dégarnies, peu proéminente. La queue est courte. Les vautours sont d'excellents planeurs qui prospectent souvent sur leur territoire en groupe (10 à 50 individus). Si vous observez plus de 3 individus identiques, il y a des chances que vous soyez en présence de vautours fauves.
Le Gypaète barbu
Son corps est jaune-orange. La tête est noire chez les jeunes, jaune chez les adultes. Les ailes sont longues, noires et étroites. La queue est grande et en forme de losange. Il est très rare de voir plus de 3 individus ensemble.
L'aigle royal
Chez l'adulte, la coloration générale est noire. Il peut parfois être confondu avec une buse. Outre sa taille bien plus grande, sa tête est plus proéminente et sa queue plus longue. Les jeunes aigles possèdent des cocardes blanches plus ou moins importantes sous les ailes et leur queue est blanche bordée de sombre.
Ces 3 espèces ont une espérance de vie de 30 à 40 ans.
Leurs comportements:
- les vautours fauves sont exclusivement charognards (ils ne mangent que des animaux morts). Ils prospectent le terrain en groupe. Dès que le cadavre est repéré, il se laisse tomber en spirales. La survie des vautours dans nos montagne est liée directement au pastoralisme. En effet, le gros des effectifs de vautours suit la transhumance du bétail domestique: moutons, vaches et chevaux qui sont présents dans les estives de juin à octobre.
- le gypaète est également charognard. Son alimentation est très spécialisée puisqu'il se nourrit essentiellement d'os. Il es capable d'ingérer des os de 20 cm sur 3 de diamètre. Pour les os trop volumineux, il a appris le cassage qui lui vaut son joli nom espagnol de "quebrantahuesos", le casseur d'os. Le gypaète emporte dans les airs les os trop gros et va survoler des terrains pierreux à une hauteur de 20 à 150 m. Il lâche l'os pour qu'il se casse et tombe en piqué pour manger.
- L'aigle royal chasse des proies plutôt vivantes mais ne dédaigne pas les carcasses. A la sortie de l'hiver, lors de la fonte des neiges, il est fréquent que des cadavres d'isards émergent. La viande est souvent bien conservée et les aigles s'en nourrissent. Ses proies sont variées: serpents, grenouilles, passereaux, corvidés, petits mammifères, marmottes, renards.
Des espèces fragiles intimement liées aux actions de l'homme
La montagne sans ses grands oiseaux nous semblerait bien vide. Pourtant les populations de grands rapaces n'ont pas cessé de diminuer depuis le 18ème siècle. Les causes de ce déclin:
- la chasse avant les lois sur la protection des rapaces vers1960
- la pose d'appâts empoisonnés pour tuer les ours et les loups
- la diminution et la modification de l'activité pastorale.
De nos jours les effectifs se sont stabilisés mais ils restent très fragiles. En Ariège la nidification du gypaète et du vautour fauve n'a toujours pas été prouvée. La pérennisation de l'activité pastorale en montagne est sans doute l'élément le plus important actuellement pour préserver et maintenir ces populations de grands rapaces. Mail il faut aussi préserver le milieu montagnard en évitant de perturber ce dernier par des aménagements et des infrasturctures inconsidérés. Il serait bien dommage de devoir réintroduire ces espèces, comme c'est le cas aujourd'hui pour le gypaète dans les Alpes, alors qu'il suffirait pour l'instant de préserver le milieu naturel en l'état tout en maintenant l'activité pastorale.
--article de Denis NEBEL,
technicien ONF au Mont Valier pour l'association des naturalistes de l'Ariège.