Le colportage en Haut-Couserans au 19ème siècle

laffitteEn Haut-Couserans, le colportage s’inscrit comme un phénomène très important du 19ème siècle et du début du 20 ème siècle, permettant aux habitants de cette région de subvenir à leurs besoins. Il s’agissait d’un processus vital pour des familles qui cherchaient seulement à se nourrir et non à s’enrichir.

La densité de population en Haut-Couserans atteignit son apogée à la fin de la première moitié du 19 ème siècle. On y comptait 50 habitants au km2 sur les cantons de Castillon et d’Oust et même 87 sur le canton de Massat, la plus forte densité de toute l’Ariège.

Il y avait donc beaucoup de gens pour peu de terres utilisables dans cette région de montagne. De plus, à la misère provoquée par la surpopulation, s’ajouta, en 1846, la disette amenée par la maladie de la pomme de terre.

Pour beaucoup, il devint quasi impératif de quitter le pays, soit pour une durée limitée, par exemple, pour des tournées de colportage, soit de façon définitive, pour un exode vers des villes ou pour des pays plus lointains. Le colportage fut pratiqué, en Haut-Couserans, d’une manière importante au 19 ème siècle et au début du 20 ème siècle. L’activité de montreurs d’ours, exercée dans les vallées de l’Alet et du Garbet, constitue une forme de colportage qui remonte à la fin du 18 ème siècle.

Les colporteurs partaient à pied, ou en charrette pour les plus fortunés, pendant la période hivernale. Ils portaient le « cayché », caisse portée sur le ventre avec des sangles aux épaules et un couvercle, ou parfois la « marmotte », comportant deux caisses s’emboîtant l’une dans l’autre. Là ils rangeaient leur marchandise achetée chez un marchand en gros : Dougnac ou Souquet à Soueix, Denis Farge à St Girons par exemple. En règle générale, la marchandise se payait au retour, grâce à l’argent gagné lors du voyage.

caseLe colporteur ne lésinait pas sur les kilomètres, se rendant même dans les fermes les plus isolées. Il préférait aller directement chez le client, plutôt que s’installer sur la place des villages. Peu à peu, il arrivait ainsi à avoir une clientèle fidèle, y retournant chaque année à la même époque. Il dormait à la belle étoile ou dans des granges, évitant de se rendre dans les villes, car il n’y bénéficiait pas du même accueil.

Chaque centre de colportage avair sa spécificité, tant pour les marchandises proposées que pour les zones prospectées.

Les principaux centres ont été :

- Massat avec un commerce très varié, regroupant tous les types de colportage, mais surtout les pierres à faux à Aleu, les lunettes à Soulan, le commerce de la vanille à Biert….
- Oust et Ustou avec de la bijouterie, de la mercerie et des objets de piété : chapelets, médailles de Lourdes, pierres bénites……souvent à destination de l’Algérie et de l’Espagne d’où l’on ramenait des produits exotiques : poivre, vanille…
- Couflens, Capvert, Salau avec presque exclusivement de la lunetterie
- Vallée de la Bellongue avec de la bonneterie et des tissus colportés vers l’Est de la France où on les surnommait « les Gascons »

 A ce colportage proprement dit , se superposaient d’autres formes d ‘émigration ayant les mêmes objectifs économiques, tels :

- les brûleurs d’eau de vie de Massat, portant l’alambic sur le dos et qui visitaient les villages à date fixe
- les nourrices de Bethmale, très réputées à Toulouse où elles partaient avec leur costume traditionnel
- les montreur d’ours des vallées de l’Alet et du Garbet
- dans toutes les vallées, les ouvriers saisonniers pour le pays-bas (vallée de la Garonne ou Languedoc)

 Le grand nombre de gens voyageant à travers la France et l’Etranger, sans domicile fixe n’était pas sans inquiéter les autorités. C’est ainsi que, dès le 15 décembre 1815, une circulaire du ministre de la Police obligea chaque colporteur ou marchand ambulant à se munir d’un livret délivré dans l’arrondissement de son domicile habituel. Ce livret devait être visé par chacune des autorités locales où le colporteur passait.

Ces dispositions firent l’objet de fréquents rappels au cours du 19 ème siècle. Il fut précisé notamment que ce livret ne pouvait être délivré qu’après une enquête sévère sur la moralité et les antécédents du pétitionnaire.

C’est ce dispositif administratif, en partie conservé aux Archives Départementales de l’Ariège, qui permet aujourd’hui d’avoir une certaine connaissance de ce phénomène important au 19 ème siècle, en Haut Couserans que fut le colportage.

 --Marie Noëlle ARTAUD (arrière petite fille d'Elisabeth Laffitte)

Un grand merci aux photographes

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